Journal du bout du monde n°7

Punaauia, le 07 septembre 2004

Bonjour,

Tanto tiempo ! Depuis mon dernier courrier, de nombreux changements ont eu lieu, tant au niveau professionnel, qu’affectif, ou même géographique !

Au niveau géographique tout d’abord, mais je pense que j’en avais déjà parlé, j’ai déménagé dans une maison à Paea, maison que je partage avec un copain pharmacien, Sam. Nous avons emménagés le 10 juin, et depuis nous ne cessons de prendre soin de notre jardin. Le petit coin potager tout d’abord, avec persil, basilique, coriandre, menthe et bientôt tomates ; le verger ensuite, avec bananiers, cocotier et papayers ; et enfin notre jardin d’agrément avec toute sorte de fleures et autres arbustes multicolores comme les bougainvilliers ou frangipaniers ! Le moment le plus agréable pour moi étant le matin, quand je prends mon petit déjeuner à 6h00, que le soleil se lève à peine, et qu’une myriade de petit vinis, petits oiseaux bruns avec le cou rouge, viennent se poser à quelques mètres de moi pour picorer dans le jardin. La nuit c’est pas mal non plus, allongé dans le hamac, à regarder la voie lactée et essayer de repérer la croix du sud !

Au niveau de la cohabitation, tout se passe bien, Sam et moi vivons chacun notre vie, avons les mêmes goûts musicaux et tous deux envie qu’il y ait du passage à la maison.

Juillet a été un mois plus tourmenté ! Je suis tout d’abord tombé fol amoureux d’une charmante jeune femme, Maeva. Les premières semaines resteront à jamais gravées dans mon cœur comme des moments de pur bonheur. Ensuite, elle a préféré s’en tenir à son projet initial et retourner vivre à Paris.

Depuis, l’envie de ressortir et de bouger m’a repris, car je me suis souvenu à quel point la vie pouvait être belle. A ce sujet, je conseille vivement la lecture de « 11 minutes » de Paolo Coelho.

Côté sport, la traversée Tahiti Moorea à la nage approche. Nous allons nager les dimanches matin, et cela fait 2 semaines d’affilé que nous nageons en eaux profondes. La première fois, nous étions 3. Au début, on nage groupé, à 2-3 mètres maxi l’un de l’autre, on scrute le fond, on se retourne parfois, dès que l’on pense apercevoir une ombre, on a le cœur qui bat un peu plus vite. Puis, après une heure sans avoir rien vu, que du bleu, on oublie et on nage, moins angoissé, et on prend plus de champ par rapport aux autres. Parfois quand même, je tâche de regarder droit devant moi, à la surface de l’eau, et je tâche de faire abstraction de ce qu’il pourrait y avoir en bas. Dimanche prochain va toutefois être une sortie que j’appréhende. Un bateau va nous mener à mi chemin entre Tahiti et Moorea, et à nous de nager les 10 Km restant jusqu’à Moorea, dans le vrai grand bleu, où il y a de grosses bêtes et 1500 mètres de fond !

Enfin, sur le plan professionnel, il y a du bouleversement dans l’air. Cette semaine est ma dernière chez Endel, dans la société dans laquelle je travaille actuellement. Mon CDD se termine à la fin du mois mais je termine ce vendredi, car je vais prendre une partie de mes congés. La séparation s’est très bien passée, et je ne regrette vraiment pas de quitter une boite où je ne pouvais pas m’épanouir. Je regrette d’autant moins que j’aie signé il y a quelques jours un contrat pour travailler comme gérant dans une boite qui vend et installe des pneus et des jantes. J’espère y commencer fin septembre, dès que tous mes papiers seront prêts (permis de travail, etc.). Il faut aussi que je recrute une secrétaire, car je vais remplacer le couple de propriétaires. J’en ai déjà vu 7, et encore 3 cette semaine avant de me décider. C’est vraiment motivant de reprendre des décisions et en quelque sorte son destin en main. Et puis c’est grisant de recruter quelqu’un avec qui je vais travailler en binôme ; quel âge, quelle expérience, attirante ou pas…

Mais ce n’est pas tout, mon projet de rachat d’une boite se précise, puisque je vais justement être gérant de la boite en question ! Je pense y travailler un mois, histoire de bien sentir le négoce, avant de conclure l’achat !
Tout arrive donc à qui sait attendre. Je pensais pas dans ma vie vendre des pneus, mais je ne pensais non plus vendre du chocolat ou conduire des chantiers. Je pense que l’important est de travailler dans la bonne humeur, et si possible pour soi.

Voilà les dernières du bout du monde. J’attends avec impatience un retour de courrier !

Bertrand

PS : ce vendredi, j’ai 30 ans, grosse fête en perspective !