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The Swimmer (le Plongeon)

Printemps, été, automne, hiver

mardi 18 septembre 2012, par Lutinbarjot

Un bel après-midi ensoleillé, dans une banlieue aisée du Connecticut. Surgissant de la forêt proche en maillot de bain et pieds nus, un individu rayonnant plonge en toute quiétude dans une immense piscine turquoise, sous le sourire des propriétaires désœuvrés. Il s’agit de Ned Merrill (Burt Lancaster, magnifique), une vieille connaissance perdue de vue. Après quelques échanges futiles, Ned est subitement saisi d’une idée curieuse : rentrer chez lui en faisant un détour par la piscine de toutes les propriétés cossues situées sur sa route. Quittant brusquement ses hôtes, l’homme entreprend alors un singulier périple qui le mènera jusqu’au bout de son destin...

The Swimmer (Le Plongeon) sort en DVD dans la collection Les Introuvables FNAC, et pour l’auteur de ces lignes et quelques dizaines de fans français, un sentiment de perplexité risque de l’emporter. Bien sûr, en tant que cinéphage qui lui a consacré un site, c’est une joie de voir promu ce film hors-normes reprenant si brillamment l’adage cher à Alfred Hitchcock, adage selon lequel ce n’est pas tant l’histoire qui importe que la façon dont elle est racontée. Un vieux garçon qui vit avec sa mère, tient un motel et tue des voyageuses. Un dénommé Monsieur Kaplan qui n’existe pas et dont le double fuit au travers des États-Unis. Un homme qui décide de nager de piscine en piscine.

Mais le revers de cette joie est de voir éclaboussé de lumière un matériau si sensible. Tels le nécessaire mais pas suffisant Jean-Baptiste Thoret et son érudition au débit verbal digne d’un Scorsese, les analystes et experts de tout bord gloseront à l’envi sur les symboles et métaphores de l’œuvre : sa déconstruction du Rêve Américain, son portrait psychologique en puzzle d’un homme à la dérive (psychotique ?), ses allégories (les saisons qui défilent en une journée) et ses effets de style liés ou non au Nouvel Hollywood. Parmi bien d’autres aspects sans doute.

Les questions fuseront : et si l’odyssée de Ned Merrill était une boucle sans fin ? Après l’apocalyptique scène finale, Ned retournera-t-il à la première piscine, surgissant pied nus de la forêt, toujours en maillot de bain, tel un Adam privé de son Eve ? Les interprétations sont infinies.

Les louanges pleuvent déjà, alors que le film n’est jamais sorti en France (à part une diffusion confidentielle en 2010 à Paris) et que le maigre DVD britannique a tout pour rebuter. La plupart des chroniqueurs qui écrivent des dithyrambes n’ont pas vu Le Plongeon. Et bien des curieux intrigués par ces louanges pourraient se trouver déçus. Il y a une bonne raison à cela.

C’est un film qui se mérite. C’est un film qui résonne quand le soir tombe et que soudain le chagrin se fait lourd. Qui vous appelle quand on vient de se faire plaquer, ou de se faire virer. Lorsque l’on réalise la vacuité des choses, quand la solitude drague l’ennui, quand tout lasse et que le cœur oublie.

La mélancolie sied à l’aura sublime de The Swimmer.

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